samedi 1 mars 2008

Guides....

La forêt dans laquelle nous évoluons, et le terme est bien choisi car on ne parle pas d'exploit ou de chrono hallucinant dans ce genre de milieu, à moins d'être un local...Ca change tout quand on connait le terrain de jeu...J'en ai fait l'amer expérience en gravissant le mont Cameroun qui culmine quand même à 4100m, et là ou moi j'ai mis deux jours (descente comprise) les athlètes camerounais qui s'entrainent toute l'année pour cette course mythique qu'est la montée et la descente du dit sommet, le réalisent en à peine cinq heures, et je dois dire que cela m'a réellement "bluffer" car je n'avais jamais rien fait d'aussi dure...Surtout le premier jour ou nous avons fait dix heures d'ascension non stop sur des pentes à plus de 60 degrés et des dénivelles assez affolant...Avalés en un rien de temps, imaginez vous plus de 300m en l'espace de 45min...c'est évidemment un rythme de militaire car il faut y être préparé...
J'ai rencontré un Gabonais qui avait quand même terminé 40eme au dernier marathon de paris, cela vous situe le niveau, qui n'avait même pas réussi à finir la montée et ce n'est peut être pas le plus difficile...la descente est tout simplement interminable, de plus grisé par le "finish" nous sommes tous partis comme des chiens fous...Nous avons tous dégustés sur les derniers kilomètres...Même nos amis des forces spéciales que j'ai coiffé en terminant second...Petite fierté...lol
Je vous parle de cela car nos guides pourtant petit et maigrelet font preuve, une fois dans leur milieu d'une étonnante résistance et d'une endurance véritablement extraordinaire...Ils sont chez eux...
Nos périples dans la forêt ont été très éprouvant... à un point ou le mental prend le relais sur tout le reste...Et je dois en cela féliciter julie qui à fait preuve d'un grand courage, la ou beaucoup d'hommes auraient calanché... Pour en revenir à nos guides, je veux vous parler de trois d'entre eux en particulier, car je pense sincèrement qu'il sont vraiment remarquables...
le premier,en tout cas celui qui m'a le plus impressionné de part son calme, sa force si explosive, sa sagesse contagieuse...Je vous parle là d'un authentique homme de la forêt.
Beboxe, c'est son prénom, est un ancien chasseur d'éléphant (sans doute le meilleur lorsqu'il exerçait) reconverti en guide, non pas pour l'argent car le tourisme n'est pas légion au Gabon mais parce qu'il en avait assez de tuer des animaux qu'il respectait profondément et qu'il aimait comme ses frères. Cette homme, si pauvre, à fait preuve d'un grand courage, mis sa famille en péril, (car pour ces gens la il n'est pas question de pouvoir d'achat c'est simple ils en ont pas)tout cela pour une conviction... celle de transmettre à ces enfants un patrimoine culturel et naturel qu'il voit bien en déclin...L'on dit dans la région de Makokou que Beboxe, au sommet de son art de chasseur, était capable de s'approcher si prés qu'il pouvait sentir le souffle de l'éléphant. Et lorsque je lui ai demandé si cela avait un fond de vérité, tout sceptique que je suis, c'est son frère qui répondit, comme si Beboxe était pris d'un élan de modestie, "OH, Beboxe il disait bonjour à l'éléphant avant de le tuer..." sur le coup je dois avouer que je n'y ai pas cru. Comment
un animal aussi intelligent que l'éléphant pouvait admettre cela...Et la Beboxe me dit "il faut le tromper..." tjrs rien compris ...Son frère m'expliqua qu'il y à entre l'animal et l'homme comme un discussion, un jeu de faux-semblant ou chacun essaye de piéger l'autre sur ses réelles intentions ...Cela me parut invraisemblable, vu sous cette angle...
Son frère, Sambousa (on en parlera plus tard) était plus loquace, c'est lui qui me confia que Beboxe avait grandi au milieu de la forêt avec les Pygmées...Au premier abord
je trouva cela un peu étonnant qu'un Bakota aille vivre chez le pygmées surtout sa jeunesse car c'est une phase d'initiation...Sambousa me dit que cela était ainsi dans sa famille depuis très longtemps. Un des enfants à le don de plaire à l'esprit de la forêt...
Je vous dis pas, comment après cette histoire je fut littéralement captivé par le charisme de ce personnage silencieux et pourtant si fabuleux...Beboxe est toujours le chef de la mission à laquelle il participe, c'est dire la confiance placés en lui...
Cette homme, initié au secret de la nature, appris auprès des champions en la matière, les pygmées, initié à ce que les Bakota appellent le NGOY (littéralement la panthère...)une forme de compréhension du monde ou l'homme prend la force et l'agilité de la panthère dans les moments ou besoin se fait sentir...
J'ai là dessus aussi bon nombre d'histoire raconté par un authentique chercheur au CNRS...Est il possible que son esprit de scientifique le trahisse?? Est il possible que ses récit soient vrai??
Cette homme, érudit, croit il en un non sens scientifique ??
Hé bien à l'entendre toutes ces choses ne sont pas des légendes, il les a vu accomplir ce que l'on pourrait nommé comme étant un changement d'état ou le sens même des choses leurs seraient révélés au travers de flashs ou de songes... La cérémonie appelé "BWITI" vient du fond des âges c'est un rites "chamaniques" ou les pouvoirs sont apportés par un allié et ou l'on rejoint son monde au moyen d'une plante "l'Iboga"...
Mais nous en reparlerons dans un autre chapitre...Il faut savoir que le Gabon est un pays encore très ancré dans ce genre de croyance... D'une part parce que le Gabon a été colonisé très tard, protéger par son épaisse foret qui empêchait toute progression. Il faut savoir que Savorgnan de Brazza qui découvrit (ou redécouvrit) le Gabon, mis près de quatre ans pour remonter l'Ogooué long d'à peine 400 km, attaqués de toute part par des tribus hostile et cannibales... Il faut souligner aussi que le premier gorille observé par un occidental s'est fait au Gabon par Mr Du Chaillu grand explorateur de la sous région du bassin du Congo, et qui a une chaine de montagne au Gabon qui porte son nom...Tout comme Brazza qui a donné Brazzaville au congo francais séparé de sa jumelle kinshasa, par le seule fleuve Congo...
Enfin pour revenir à Beboxe car c'est bien de lui dont je parle à travers tout çà.
Un homme ayant accès à des secrets du monde, jalousement gardé, car l'on ne comprend que les choses qui font parti de sa tradition propre. Il est difficile pour un Bakota d'expliquer vraiment ce dont il retourne car il ne ressent pas la même chose que nous, sa sensibilité par rapport à ces événements est différente, notre culture cartésienne nous pousse à poser les mauvaises questions, leur perception du monde et de la vie les a préparé à cette transition, pas nous...
Je me dois de vous parler maintenant de sambousa, son frère, un homme espiègle et rieur, un peu l'opposé de Beboxe...son surnom signifie "petites feuilles de manioc séchées" quelle rigolade quand il nous l'a confiés timidement autour du feu, durant notre expédition DJI-DJI. Cette homme d'à peine 35 ans pourtant père de 8 enfants...Dont la plus agée à l'age de Julie ce qui implique, par déduction mathématiques, qu'il à été père à dix ans...Non, vous ne révez pas...
Nous avons encore la chance de croiser dans les villages des gens qui sont nés dans la forêt...Certes ce sont les derniers mais ils sont la...Un peu comme nos poilus, c'est une trace d'un temps passé, mais pas si loin quand même...
En tout cela le Gabon est unique en Afrique, car aucune influence n'arrive de l'extérieur, sans doute à cause ou grâce à la politique de cette homme au pouvoir depuis quarante ans, un record sur ce continent...
Ce protectionnisme à outrance à permis au Gabon de garder un écosystème intact, vierge de tout exploitation...Les gens a l'intérieur de ces provinces, coupés du monde, car seul Libreville jouit d'un apport extérieur, ne vivent que de débrouilles de chasse et de pêche...Ces hommes sont totalement intégrés à de leur environnement, une anecdote pour étayer cela, ces hommes sont capable de reconnaitre au goût de la viande qu'ils mangent, si l'animal à été piégé ou chassé...
J'ai trouvé cela absolument fou...Et ils refusent de manger de la viande d'élevage...parce qu'elle représente, disent ils, une atteinte à leur culture de chasseur...Car chaque enfant apprend dés son plus jeune âge l'art de la chasse et de la pêche.
Je pense que ces exemples illustrent bien l'état d'isolement dans lequel se trouve le Gabon...D'isolement mais pas de désolation par rapport à ce que j'ai pu voir ailleurs en Afrique...
Donc Sambousa, moins charismatique que son frère, un rôle dont il à l'air de supporter le poids que cela incombe avec bonhomie et humour. Comme si il savait que le modèle n'était pas égalable... pour lui ...Une sorte de résignation mais qui ne serait pas frustrante...Ce que je veux dire c'est qu'il n'y a pas de compétition entre ces frères juste un profond respect et une place que chacun assume...
Le troisième s'appelle Guy-Roger, c'est le préféré de Julie, est pour ainsi dire Mr sécurité de l'organisation dont il fait parti, la FIGET (on en reparlera plus tard...)
Il est celui qui s'acquitte de la tache au combien ingrate de la logistique, il est celui qui jauge nos capacités, qui prend Julie sur son dos pour traverser les marécages, qui nous explique leur conversations en Bakota pour pas nous mettre de coté et en nous expliquant simplement que cela est plus facile pour eux, le français n'étant qu'une langue secondaire...Et ceci en tout point du Gabon chaque ethnies utilise sont dialecte propre pour communiquer dans la vie de tous les jours ce qui fait une bonne douzaine de langues reparti sur le territoire.
Guy-Roger est un personnage attachant toujours serviable et c'est aussi lui qui tout au long du chemin nous montre les essences d'arbres, les traces d'animaux et parfois les petits secrets de la foret, certes furtivement, mais il faut être attentif...
Il nous a accompagné dans tout nos "trip"dans la région de Makokou, rien que pour cela ont ne l'oubliera jamais...
J'en aurait encore tant à dire sur ces gens qui ont marqué ma vie à jamais (Julie aussi je le pense profondément).
Il y aura un avant et après Gabon...

Le perroquet gris du Gabon

Le perroquet gris du Gabon
Emblème du pays....